Maltraitance chez l'enfant

Auteurs :

Prix Prescrire 2014

Langue : Français
Date de parution :
Ouvrage 230 p. · 22x28 cm · Relié · Quadrichromie
ISBN : 9782257205773 EAN : 9782257205773
Médecine Sciences

· PDF : 89,00 € ·
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La maltraitance a longtemps été ignorée au cours de l’histoire, du fait de la place que l’enfant occupait dans la famille et dans la société : être inachevé, adulte en miniature soumis à l’autorité paternelle entière et totale, mais aussi être fragile et victime de nombreuses maladies infantiles souvent mortelles. Ambroise Tardieu, médecin légiste français, fut le premier à s’intéresser aux enfants maltraités et publia en 1860 un article intitulé « Étude médico-légale sur les sévices et mauvais traitements exercés sur des enfants ». Il faudra pourtant attendre encore plus de 100 ans pour que la notion d’enfant maltraité soit introduite dans les textes officiels en France (loi du 10 juillet 1989), et que la protection de l’enfant prenne une envergure internationale avec l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une convention des droits de l’enfant (20 novembre 1989).

Un enfant maltraité est un enfant « victime de violences physiques, cruauté mentale, abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique ».

Aujourd’hui, la maltraitance à enfant fait partie intégrante de l’exercice de la pédiatrie dans toutes ses spécialités. L’objectif de cet ouvrage est d’améliorer la connaissance de ce problème de santé publique douloureux, afin de reconnaître précocement une situation de maltraitance et de mieux cibler sa prévention.

Tous les aspects de la maltraitance chez l’enfant, de la période fœtale à l’adolescence, en insistant sur les éléments diagnostiques, parfois trompeurs, et les diagnostics différentiels à envisager, sont abordés. Le livre se compose de chapitres généraux (histoire, définitions…), de chapitres traitant de lésions d’organes (peau, squelette, cerveau et moelle, viscères, face…), et de chapitres abordant des points particuliers tels que les lésions anatomopathologiques ou l’imagerie post mortem. Les principes thérapeutiques et les principales séquelles sont volontairement décrits de façon synthétique. Certains chapitres sont dédiés aux données épidémiologiques et médico-légales indispensables à connaître pour tout médecin impliqué dans ce contexte.

Préface
Avant-propos
Liste des abréviations

Chapitre 1 Approche historique
(C. REY- SALMON)

Chapitre 2 Définitions et approche épidémiologique de la fréquence de la maltraitance en France
(A. TURSZ)

Chapitre 3 Lésions tégumentaires

• La peau
(B. TISSERON, M. PIRAM, C. REY- SALMON)

• Brûlures de l’enfant par maltraitance
(S. CASSIER, M.- P. VAZQUEZ)

Chapitre 4 Lésions squelettiques
(M. PANUEL, K. CHAUMOITRE, P. PETIT, J.- L. JOUVE)

Chapitre 5 Lésions du cerveau et de la mœlle
(C. ADAMSBAUM, T. B. DE VILLEMEUR, B. HUSSON, A. LAURENT- VANNIER, H. TOURÉ, M. ZERAH)

Chapitre 6 Lésions viscérales
(C. VEYRAC, F. GAUTHIER)

Chapitre 7 Hémorragies rétiniennes
(S. DEFOORT- DHELLEMMES, I. BOUVET- DRUMARE, E. LAUMONIER-DEMORY, C. MARKS-DELESALLE, I. BOUACHA, M. VINCHON)

Chapitre 8 Lésions cervicofaciales, buccales et du cuir chevelu
(M.-P. VAZQUEZ, D. HADDAD, A. PICARD, N. KADLUB)

Chapitre 9 Agressions et mutilations sexuelles

• Agressions sexuelles
(M. BELLAÏCHE, C. JUNG, C. REY- SALMON)

• Mutilations sexuelles féminines
(C. REY- SALMON)

Chapitre 10 La soumission chimique
(I. SEC)

Chapitre 11 Enfants victimes de carences et de négligences
(M. ROUSSEY, M. BALENÇON, M. PIERRE)

Chapitre 12 Maltraitances psychologiques
(M. LERAY, G. VILA)

Chapitre 13 Syndrome de Münchhausen par procuration
(M. NATHANSON)

• Le fœtus (toxicomanie, alcoolisme, etc.)
(É. THELLIER, C. COLMANT)

• Maltraitances et adolescence
(G. PICHEROT, N. VABRES)

Chapitre 15 Autopsie et données histologiques
(C. RAMBAUD)

Chapitre 16 Imagerie post mortem
(G. GORINCOUR, M. PROISY, É. BLONDIAUX, M.-D. PIERCECCHI- MARTI)

Chapitre 17 Stratégies diagnostiques et recommandations
(C. REY- SALMON, O. FERRANT, C. ADAMSBAUM)

Chapitre 18 Positionnement du soignant
(P. VASSEUR)

Chapitre 19 Comprendre les dispositifs de protection de l’enfance en danger
(I. MARBOT- DAURES)

Chapitre 20 Textes de loi (extraits)
(Dossier préparé par C. REY- SALMON)

Glossaire
Index

Cet ouvrage était indispensable. Par ce qu’il apporte et par la perspective sur laquelle il ouvre. Il contient en effet à la fois des connaissances et un exemple. Il est, sous ces deux aspects, profondément utile.

Il constitue d’abord le type même du livre que tout étudiant en médecine devrait avoir lu avant de commencer son exercice professionnel et qu’il devrait conserver ensuite sur le rang le plus proche de sa bibliothèque. Ainsi, le moindre signe équivoque attirera-t-il son attention, et les données contenues dans cet ouvrage lui permettront-elles de vérifier son intuition, son inquiétude. Il saura quels examens complémentaires il faudra solliciter, quelle mesure d’urgence il devra prendre pour soustraire l’enfant à un danger immédiat. À qui ensuite s’adresser.

L’initiative des Docteurs Caroline Rey-Salmon et Catherine Adamsbaum met ainsi en perspective des connaissances transversales susceptibles de générer les réflexes salvateurs pour l’enfant.

L’évocation, ensuite, même purement médicale et scientifique, des actes commis ou susceptibles de l’être sur des enfants, suscite immédiatement une prise de conscience : Quelle société sommes-nous devenus pour que tant d’actes de cette nature puissent se commettre encore ?

Dans les circonstances dans lesquelles notre société se trouve actuellement, à la question « Quelle est aujourd’hui sa caractéristique première ? » nous ferions assez volontiers la réponse suivante : « Le désabusement ». Serait-ce donc qu’il n’y aurait plus de grande cause qui permettrait de susciter en nous le sentiment de la nécessité de l’action en même temps qu’une passion mise au service de son succès ?

Aurions-nous oublié l’enfant ?

On ne peut lire cet ouvrage collectif sans être partagé par deux sentiments différents, la honte et la reconnaissance.

La honte, d’abord, parce que nous ressentons tous celle qu’il y a pour l’être humain à se découvrir inhumain. Maltraiter un enfant, le blesser, le torturer, physiquement ou moralement, le tuer pour les motifs que l’on sait, qu’y a-t-il de plus abject ?

La reconnaissance, ensuite, envers ces médecins qui surmontent leurs émotions, font ce que l’immense majorité d’entre nous n’imaginerait même pas pouvoir accomplir, accueillir les victimes, les écouter avec le soin, le tact, la délicatesse que nécessite l’état de terreur et de traumatisme dans lequel l’enfant se trouve et en même temps, la précision, l’objectivité, la maîtrise d’une science médicale qui prend ici une dimension profondément humaine. À cet égard, la grenouille, animal fétiche de l’équipe du Docteur Rey-Salmon, est un exemple de la manière simple et efficace pour nouer un contact toujours délicat et périlleux avec l’enfant victime. En montrant sur la grenouille l’emplacement de ce qu’il a subi, il commence un travail d’expression, de communication et très certainement d’extériorisation de l’horreur subie.

Mais il faut, hélas, pouvoir faire plus encore. Parfois, trop souvent, c’est sur le corps sans vie de l’enfant qu’il faut se pencher et accomplir les gestes de l’autopsie pour savoir exactement de quoi et dans quelles circonstances il a perdu la vie.

Puis le dire, raconter devant les juges le déroulement du drame.

C’est aussi à ce moment porter témoignage de ce que l’enfant a souffert, dire ce qu’il a vécu et à travers l’ensemble de ces opérations qui s’insèrent dans le contexte d’une procédure ; c’est d’une certaine manière lui donner la parole une dernière fois ou, peut-être même, pour la première fois.

Comme il faut aimer l’enfant pour faire cela !

Dans tous ces drames, il y a une quasi constante. Lorsque la presse nous en apporte la révélation, nous découvrons en général que cela s’est passé à notre porte. Comment est-ce possible ? Comment faire pour prévenir de tels comportements ?

Nous pensons que la prévention dans ce domaine comporte deux aspects : le dépistage des situations de maltraitance et celui des situations à risques.

Le dépistage est par lui-même une mesure de prévention puisqu’il aura pour effet de stopper l’anonymat sous le couvert duquel la maltraitance se développait. Encore faut-il pouvoir en décrypter les signes, les symptômes. En effet, l’enfant, victime s’il en est, brouille souvent les pistes en protégeant ses bourreaux. Aussi la réalité n’est-elle à coup sûr découverte que par le jeu d’une équipe, la mise en réseau des différentes spécialités et donc du caractère complémentaire des différentes approches.

Mais une fois la vérité découverte, le traitement ou la mise hors d’atteinte effectuée, le réseau doit être étendu. Il faut bien prévenir quelqu’un. Qui ? Quel service ? À quel moment ? Le descriptif très précis figurant en page 193 guide le praticien mais aussi démontre toute la sophistication – autre mot pour complexité – du système. C’est pourquoi, à notre avis, et c’est un autre de ses grands mérites, cet ouvrage appelle les intervenants non médecins du système en question à faire un effort identique de transparence et de décloisonnement.

Décloisonnement est ici un maître mot. Le livre des Docteurs Caroline Rey-Salmon et Catherine Adamsbaum, en même temps qu’il traite un sujet, en révèle l’ampleur. La simple lecture des données statistiques doit ici amener une prise de conscience de ce que ce sujet concerne chacun.

En effet, et c’est le deuxième aspect que nous voulions souligner, si le dépistage est une nécessité première, il n’en marque pas moins, « en creux » en quelque sorte, le manque de prévention en général. La prévention ne consiste pas seulement dans le dépistage des actes commis, mais aussi dans la recherche du risque, c’est-à-dire de la situation à risque dont la découverte permettra d’éviter la concrétisation de l’acte. Dans nombre de cas, la remontée dans le temps des causes du drame révèle que des attitudes, des comportements qui avaient intrigué apparaissaient après coup comme autant de signaux d’alerte qui n’avaient pas été décryptés. La raison, souvent, en était dans le manque de communication.

Nous avons connu des situations dans lesquelles, en toute bonne foi, des services éducatifs et d’autres d’assistance sociale s’opposaient entre eux le secret professionnel. Il est dès lors obligatoire que s’organise ce décloisonnement qui seul, par la circulation de l’information et la confrontation d’analyses complémentaires, permettra d’anticiper les évolutions péjoratives prévisibles et ainsi de les éviter. Cela se nomme le secret partagé. Personnellement nous y voyons le soin partagé pour un enfant en danger.

Ce livre, cette œuvre en commun accomplie par des médecins, hommes et femmes de bonne volonté, est un exemple de la démarche qui doit nous animer tous.

L’enfance en danger, c’est avant tout l’enfance en souffrance. Elle mérite les remises en cause les plus complètes des habitudes faussement sécurisantes parce qu’elles sont les plus anciennes. La justice doit également y prendre sa part et regarder au-delà des grilles de ses palais. Il est rare que l’on soit brusquement malheureux à 10 ans sans l’avoir été à 5 ans.

Il est rare que l’on soit révolté et violent à 10 ans et que cela ne plonge pas ses racines dans un désespoir né peut-être même avant 5 ans et résultant d’une situation de souffrance, fût-elle morale. Les ecchymoses sur l’âme sont plus difficiles à déceler que celles qui marquent le corps. Souvent elles les précèdent. Le législateur devrait y réfléchir et ne pas faire semblant de croire que signaler c’est ficher et entraver par-là les actions éducatives précoces qui seules ont une chance maximale de succès.

En réalité, agir en réseau, c’est partager un intérêt, celui de l’enfant. Cet ouvrage est un exemple de l’attitude positive qu’il faut adopter. Souhaitons que l’exemple soit suivi.

Yves BOT

Premier Avocat général

à la Cour de justice de l’Union européenne

Ce livre est destiné à tous les professionnels de la santé intéressés par la pédiatrie, qu’ils soient étudiants, futurs spécialistes ou praticiens en exercice. En dehors du milieu médical, il s’adresse également à toute personne concernée par des situations de maltraitance : professionnel de la petite enfance, intervenant du secteur social, judiciaire ou associatif pour la protection de l’enfance.

Sous la coordination de Caroline Rey-Salmon (service des urgences médico-judiciaires, Hôtel-Dieu de Paris) et de Catherine Adamsbaum (service de radiologie pédiatrique, hôpital Bicêtre), l’ouvrage réunit près de cinquante auteurs issus des secteurs de la santé ou de la justice.
Ouvrage récompensé par le Prix Prescrire 2014